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inflexible en fait de discipline qu’il était dur pour lui-même, avait été surnommé par ses soldats le Bull of the Woods, ou le taureau sauvage : toujours étranger à la politique et fidèle à son drapeau, il dispersait en 1837 la législature du Kansas, au nom du gouvernement, esclavagiste alors, de Washington, avec autant d’ardeur qu’il en mettrait à défendre en 1862 la cause nationale dans l’armée du Potomac. Kearney, d’une bravoure chevaleresque et passionnément épris du métier militaire, toujours mécontent de ses chefs, excepté quand ils lui donnaient l’ordre d’aller à l’ennemi, avait accompagné notre armée en 1840 en Algérie, dans l’expédition de Médéah, et revint plus tard en Europe pour la suivre dans la campagne d’Italie. À la bataille de Contreras, se lançant avec cent chevaux sur l’ennemi en fuite, il poussa jusque devant la porte de Mexico, où il perdit un bras. De tous les officiers de son escadron, un seul, non moins brave, mais plus favorisé que les autres par la fortune, le lieutenant Ewell, revint sans blessure ; et, par un autre jeu étrange du sort, quinze ans après, presque jour pour jour, Kearney et lui se retrouvaient commandant chacun une division dans les deux armées opposées, sur le champ de bataille de Chantilly ; où le premier fut tué en voulant inu-