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Battus dans les élections présidentielles de 1860, les États du Sud voulurent ressaisir, par l’intimidation ou la force, l’influence qu’ils avaient exercée jusque-là au profit de l’esclavage, et, tout en faisant sonner bien haut les mots d’indépendance et de liberté, ils foulèrent aux pieds un contrat sacré, dès que le scrutin national se prononça contre leur politique. Mais le succès, ce grand justificateur des hommes providentiels, leur fit défaut, et la victoire sanctionna la cause du droit et de la légalité. On vit alors quels trésors d’énergie la pratique large et constante de la liberté amasse chez les peuples assez heureux pour la posséder et assez sages pour la garder.

L’Amérique avait déjà résolu l’un des problèmes les plus difficiles de notre siècle, en développant, au milieu d’une société démocratique, des institutions libérales ; mais aucune grande crise intérieure n’était encore venue en éprouver la solidité. Bien des gens assuraient qu’à la première tempête cette plante fragile serait arrachée d’un sol incapable de la nourrir. Le vent de la guerre civile s’est levé, et c’est au contraire l’arbre vigoureux des institutions américaines qui, étendant son ombre sur le pays où il avait jeté de si profondes racines, l’a préservé d’une imminente destruction. Dans cette