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occasionnait une très-épaisse fumée qui sortait avec abondance, et le feu s'anima de plus en plus. Le capitaine fit armer soixante à quatre-vingt soldats pour contenir l'équipage et éviter la confusion. Tout le monde était occupé à jeter de l'eau; on fit usage des seaux et de toutes les pompes, l'eau même des jarres fut répandue. Cependant la rapidité de l'incendie rendait toutes ces précautions inutiles et augmentait la consternation.

Le capitaine avait déjà fait mettre à la mer la yole, uniquement parce qu'elle embarrassait; quatre hommes, dont le bosseman était du nombre, s'en emparèrent. Ils n'avaient pas d'avirons, ils hélèrent pour en avoir, et trois matelots, se jetant à la mer, conduisirent des avirons à bord de ce petit canot. On voulait faire revenir ces heureux fugitifs; ils crièrent qu'ils n'avaient pas de gouvernail, qu'il fallait leur jeter une amarre; mais, s'apercevant que le progrès de l'incendie ne leur laissait d'autre ressources que l'éloignement, ils nagèrent pour éviter une mort certaine, et le vaisseau, qui avait un peu d'air, les dépassa. On travaillait encore à bord; l'impossibilité de se sauver semblait augmenter le courage. Le maître d'équipage ne craignit pas de descendre dans la cale, mais la trop grande chaleur le força de remonter au plus vite ; il aurait même été brûlé si l'on n'eût jeté sur lui une grande quantité d'eau. Incontinent après on vit sortir les flammes avec impétuosité du grand panneau. Le capitaine ordonna alors de mettre les bateaux à