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Louis. Nous avions des voies d'eau, qu' heureusement nos pompes franchissaient. Dans ce poste, nous déchargeâmes le vaisseau de la moitié de sa cargaison, et, huit jours après nous rentrâmes dans le port de Lorient, où on le déchargea entièrement. On le caréna encore, et on lui donna un nouveau doublage. Tant de précautions promettaient un heureux voyage; mais il s'en fallait beaucoup que ce vaisseau fût destiné à nous le procurer.

Le 10 juin 1752, un vent favorable nous éloigna du port; mais, après une heureuse navigation qui nous promettait l'accomplissement de tous nos vœux, nous éprouvâmes le plus affreux désastre. Le 26 juillet, le vent soufflait bon frais, au moment qu'on observait le point du midi, à l'entrée d'un quart que je devais commander, un homme annonça que la fumée sortait imperceptiblement du panneau de la grande écoutille. A cette nouvelle, le premier lieutenant, chargé des clefs de la cale, en fit ouvrir toutes les écoutilles, pour découvrir la cause d'un accident dont les plus légers soupçons font toujours trembler les plus intrépides. Le capitaine, qui était à table dans la grande chambre, se présenta sur le gaillard, et donna ses ordres pour étouffer le feu; je les avais déjà prévenus en faisant tremper dans la mer quelques voiles pour en couvrir les écoutilles, et par ce moyen empêcher l'air d'entrer dans la cale; j'avais même proposé, pour plus grande sûreté, de faire entrer l'eau dans l'entre-pont la hauteur d'un pied. Mais l'air, qui avait déjà un libre passage par l'ouverture des écoutilles,