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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

« Béatrice, je vais te rendre Merveille, dit Hélène en embrassant sa jeune compagne. Oh ! tu es bien heureuse d’avoir une si belle poupée ! »

La fille de la duchesse prit Merveille des bras d’Hélène et se disposa à sortir ; un sanglot la fit se retourner au moment où elle ouvrait la porte. C’était sa petite amie qui avait recommencé à pleurer en la suivant des yeux.

Béatrice courut à elle.

« Ma chère Hélène, s’écria-t-elle, en entourant de ses bras le cou de l’enfant, tu as bien du chagrin, et je ne peux pas rester ici pour te consoler ; mais garde Merveille, elle te distraira peut-être un peu.

— Merveille ! répéta la petite fille dont les yeux s’illuminèrent d’une joie subite ; Merveille ! tu me la donnes ? Oh ! non, Béatrice, je ne dois pas la prendre ; elle est trop belle !

— Garde-la. N’est-elle pas à moi ? ne puis-je pas te la donner ? Ne pleure plus, je suis heureuse de te faire plaisir ; seulement tu me l’amèneras quelquefois en visite. Adieu, Hélène ! adieu, Merveille ! »

Et Béatrice sortit en courant, laissant entre les bras d’Hélène, muette d’étonnement, cette poupée tant admirée.

« Tu as donc donné ta poupée, Béatrice ? demanda la duchesse à sa fille quand elle rentra.