dit parfois en rêve : « Mais voilà qui ne saurait être véritable ; mais voilà qui n’a pas le sens commun. »
Je ne combattrai pas moins, en m’appuyant sur mes observations pratiques, cette opinion de Formey, que : « L’âme n’exerce aucun empire sur les fantômes des songes qui parais- sent et disparaissent, l’affectent d’une manière agréable ou pénible, sans qu’elle y influe en quoi que ce soit [1]. »
J’adopterai plus volontiers cette comparaison du même auteur pour expliquer la transition de l’état de veille à l’état de sommeil : « Nos idées, dans ce cas, ressemblent assez à des chevaux qui ont été attelés et employés au travail toute la journée ; on les dételle le soir, mais leur guide les conduit encore ; c’est le commencement du sommeil. Il les mène aux champs et les y laisse errer et paître à leur fantaisie ; c’est la perfection du sommeil [2]. »
Je crois, en effet, que le sommeil parfait, celui qui produit le repos réparateur au plus haut degré, c’est celui durant lequel ces chevaux sont abandonnés à eux-mêmes, mais de ce que les chevaux ont été mis aux champs, de ce que leur conducteur ne les maîtrise plus de la même façon