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devoir s’élever plusieurs fois contre l’interprétation des songes, la déclarant entachée de paganisme, en raison même du caractère religieux qu’on lui imprimait toujours. L’autorité de certains rêves prophétiques consacrés par l’Écriture sainte ne pouvait les arrêter comme un précédent contradictoire, puisque au temps où les songes de Jacob, d’Abimélech, de Salomon, de Daniel, etc., étaient consignés dans les livres sacrés, la confiance aux visions profanes était formellement interdite par ces mêmes livres. L’acceptation d’un fait surnaturel ne peut évidemment servir de base à l’appréciation des faits de l’ordre normal. « Un miracle, a dit J.-J. Rousseau, est, dans un fait particulier, un acte immédiat de la puissance divine, un changement sensible dans l’ordre de la nature, une exception réelle et visible à ses lois [1]. »

En résumé, de la prétendue science onéirocritique des anciens, telle du moins qu’elle nous a été transmise, il n ’y a donc rien à tirer au point de vue pratique où nous nous plaçons. Il restera seulement, comme une hypothèse, la question de savoir si ces prêtres d’Isis, de Sérapis, d’Esculape et autres divinités n’étaient pas plus versés qu’ils ne voulaient le paraître dans l’art de susciter, par des moyens physiques, ces rêves qu’on ne manquait

  1. Lettres de la Montagne.