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foi d’observations nombreuses, que l’imagination peut mettre en œuvre de telle sorte les matériaux fournis par la mémoire, qu’elle arrive à en former des images vraiment inédites dans leur ensemble, et telles que jamais rien de semblable n’ait frappé nos yeux en réalité. Mais, maintenant, où cette puissance créatrice s’arrêtera-t-elle ? L’imagination pourra-t-elle sous l’influence du sommeil atteindre un degré d’exaltation égal dans son genre à celui dont fait preuve notre mémoire ? Ces deux phénomènes psychologiques ne seraient-ils pas solidaires ? L’invention ne serait-elle pas à l’imagination et à la mémoire ce que le jugement est à l’attention et à la comparaison ? Je laisse le lecteur méditer lui-même sur ces questions que je ne me hasarderais pas à résoudre, et je le fais juge aussi des inductions à tirer du rêve ci-après. Il est de ceux que je rapporte d’ailleurs à titre de problème à résoudre plutôt que de preuve à l’appui de quelque proposition bien nettement définie.

« Je rêvais que je m’exerçais à copier de mémoire, afin de le bien apprendre par cœur, une sorte de discours à prononcer. J’avais lu mon brouillon d’un bout à l’autre, et j’essayais de le transcrire sans le regarder. De temps en temps j’hésitais ; ma plume demeurait suspendue, la mémoire me faisant défaut. Alors, j’avais recours au brouillon ; je vérifiais le passage indécis, et je ressaisissais