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n’est point suivi d’autres mouvements secondaires justement coordonnés de manière à représenter le forgeron abaissant la main qui tient le marteau pour frapper le fer rouge, agitant ses tenailles, relevant son marteau, etc., etc. Or, si le premier tiraillement des fibres cérébrales a été accidentel, comment supposer que tous les autres mouvements qui devront le suivre, pour la continuation du rêve, auront lieu de même accidentellement ? Cela paraît-il vraiment admissible ?

On me répondra peut-être que ces ébranlements de fibres s’enchaînent les uns aux autres par la seule force de l’habitude, et qu’il suffit qu’un certain enchaînement se soit effectué une fois pour qu’il se reproduise indéfiniment. Je veux concéder encore cette hypothèse, mais alors, comme le premier enchaînement aurait eu lieu dans la vie réelle, et par suite d’impressions réellement perçues, on ne pourrait voir se dérouler en rêve que des scènes et des tableaux rigoureusement pareils à ceux qui auraient impressionné déjà les sens dans l’état de veille. Si ce forgeron, par exemple, était en repos quand j’en ai recueilli le souvenir, je ne pourrais jamais le rêver en mouvement. Or, qui voudrait soutenir une pareille opinion, et que deviendrait l’incohérence des songes avec elle ? Remarquons, d’ailleurs, que nos rêves sont bien rarement la simple reproduction des incidents