La discipline était très faible, mais sa faiblesse avait moins pour cause le sentiment de révolte du soldat que l’absence de dignité et d’énergie nécessaires à l’expression du commandement chez l’officier.
L’artillerie et le génie, aussi imbus que l’infanterie des idées révolutionnaires, étaient commandés par des officiers dont le courage traditionnel semblait croître avec le sentiment de l’infériorité de leurs armes vis-à-vis des armes prussiennes ; mais ce courage, cette valeur ne pouvait compenser l’affaiblissement moral des troupes, provenant de leurs sentiments politiques.
La cavalerie, par une grâce toute spéciale, qu’elle doit, sans aucun doute, à sa tradition dont l’origine remonte à la chevalerie, avait au contraire une parfaite discipline ; elle était animée des sentiments les plus élevés d’abnégation et de courage.
Enfin l’état-major, qui ne constitue pas à proprement parler une arme, mais qui, par ses fonctions, par ses rapports intimes et journaliers avec les chefs, exerce fatalement une grande influence sur les armées, l’état-major était vaniteux, ambitieux et insuffisant.
Ce qu’on s’est plu à appeler la corruption de l’Empire, c’est-à-dire l’avancement convoité avec frénésie comme un moyen d’accroître son bien-être, l’intrigue remplaçant le mérite, les intérêts privés l’intérêt général, cette corruption était répandue dans toute l’armée, depuis les plus hauts emplois jusqu’aux plus modestes.