judiciaire fut un illustre guerrier pour rire ; oui, quand tout cela revient à mes souvenirs et à mon esprit, oh ! alors mon indifférence se révolte, et M. Bazaine, le Bazaine de Kératry, le Bazaine qui frondait sournoisement l’Empire, le Bazaine que Jules Favre et Gambetta appelèrent « notre glorieux Bazaine », ce Bazaine-là me devient presque sympathique.
Je me dis qu’après tout, il est monstrueux qu’un seul homme ait, pu être rendu responsable des fautes de tous, et que Bazaine seul ait pu être poursuivi et condamné sous la présidence d’un d’Aumale encore ! pour n’être pas sorti de Metz avec 80 000 hommes épuisés, alors que l’on laissait tranquille et indemne Trochu, qui n’était pas plus sorti de Paris, avec 500 000 hommes de troupes fraîches…
Alors qu’on laissait tranquille et indemne un Jules Favre, qui avait oublié l’armée de l’Est dans la capitulation de nos armées et avait ainsi causé, sans profit pour la patrie, la mort de 10 000 pauvres soldats…
Non, je n’insulterai pas Bazaine, comme font fait plusieurs de mes confrères et presque de mes coreligionnaires politiques… non, je n’insulterai pas Bazaine, se défendant par la plume et constatant dans son nouveau livre l’infâme partialité dont il fut l’objet.
Non, je ne l’insulterai pas…
Car, si Bazaine, condamné à mort, eût été fusillé alors que vivait Trochu, alors que pérorait encore Jules Favre, alors qu’engraissaient Gambetta et les pillards du 4 Septembre, il n’y aurait aujourd’hui qu’une voix pour dire de la mort de Bazaine ce qu’en pleine Chambre des pairs disaient Armand Carrel et le général Exelmans de l’exécution du maréchal Ney :
— C’est un abominable assassinat !