Bazaine, qui n’avait pas été prévenu, s’y trouva néanmoins.
Napoléon III l’accueillit avec sa bonté ordinaire, mais ne put s’empêcher de lui dire devant le maréchal Baraguey d’Hilliers qui l’accompagnait :
— Il est regrettable, général, qu’il ne vous ait pas été possible d’arriver à temps pour soutenir Forey !
Pensant que le maréchal allait élever la voix pour le défendre, Bazaine ne répondit rien d’abord, mais voyant que son chef se taisait, il se trouva dans la nécessité de dire à l’Empereur que s’il n’avait pas dépassé Voghera, ce n’était qu’en vertu des ordres formels qu’il avait reçus.
L’Empereur eut alors une explication assez vive avec le maréchal Baraguey d’Hilliers, qui fut obligé de convenir du fait, mais qui ne pardonna jamais à Bazaine de l’avoir fait prendre par le souverain en flagrant délit de déloyauté envers son inférieur. Aussi, appelé à présider la commission d’enquête, donna-t-il la preuve de cette hostilité lorsque vint l’affaire de la capitulation de Metz.
Le Conseil appela force témoins à charge ; quant aux témoins à décharge, le très petit nombre de ceux qui furent entendus ne fut appelé que sur la demande formelle du maréchal Bazaine, qui lui-même ne fut entendu qu’une seule fois.
Et on ose appeler cela la justice française !
L’instruction dura un an et demi ; pendant ces dix-