néanmoins assez clairement pour être dans une extrême inquiétude. Il consulta le maréchal Bazaine.
Aux questions posées par l’Empereur, le maréchal répondit :
— Nous n’avons encore devant nous que trois corps d’armée ennemis ; il faut les attaquer. Nous avons la supériorité du nombre et celle de la position ; si Votre Majesté veut me charger de l’opération, je me fais fort de battre ces trois corps et de les renvoyer à la frontière. Ce succès relèvera le courage de l’armée, donnera au commandant en chef du génie le temps de construire ses ponts, rendra l’ennemi très circonspect, et nous passerons la Moselle sans être inquiétés.
— Non, lui répondit l’Empereur, témoin de l’affaissement moral de l’armée et se l’exagérant encore. Il faut passer la Moselle le plus tôt possible, — c’était son idée fixe. — Cette attaque retarderait le passage.
— Mais, Sire, le passage est impossible en ce moment, les ponts ne sont pas prêts ; pendant que nous nous battrons, ils s’achèveront peut-être. Et puis, il n’est pas possible, sans s’exposer à un désastre, de passer un défilé avec l’ennemi à dos : chassons donc l’ennemi d’abord, nous passerons ensuite.
— Non, il faut passer la Moselle, répétait l’Empereur. Si vous jugez nécessaire d’attaquer, eh bien ! il faudra attaquer en même temps que nous passerons.
— Mais, Sire, les deux opérations ne peuvent se faire simultanément. Je ne puis répondre du succès