Page:Cyrille de Jérusalem, Œuvres complètes, trad. A. Faivre, 1844 tome 2.djvu/18

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Saint ! Car il ne parle ni de dix ni de vingt deniers, ni d’un nombre approximatif quelconque ; non, il précise exactement la quotité de la somme. Mais, dites-nous, Prophète : Qu’est devenu cet argent ? Celui qui les à reçus, les gardera-t-il, ou les rendra-t-il ?
Et s’il les a rendus, qu’est-il devenu ? C’est encore ce que le Prophète va nous apprendre : Je pris, vous dit-il, les trente deniers d’argent, et je les jetai dans le temple pour être épurés. (Id. 43.) Comparez le Prophète avec l’Évangéliste. Celui-ci vous dira que Judas, déchiré de remords, courut jeter l’argent dans le temple, et se retira. (Mt. 27, 3, 5.)
XI. Mais, si on veut examiner de près et comparer le Prophète avec l’Évangéliste, on pourrait remarquer entr’eux quelque dissonance que ceux qui méprisent les Prophètes, ne manqueraient pas de relever. Le Prophète dit que l’argent fut jeté dans le temple pour être épuré, in conflatorium ; et l’Évangéliste dit au contraire : Ils le donnèrent pour en acheter le champ d’un potier. (Mt. 27, 40.) Quel rapport de vérité y a-t-il entr’eux ? Écoutez-moi, et vous apprendrez comment tous deux ont dit vrai.
Les Juifs ne faisaient pas profession d’irréligion, surtout les Princes des Prêtres. À la vue du remords dont était déchiré l’infortuné Judas, lorsqu’ils l’entendirent s’accuser d’avoir ‘péché, d’avoir vendu et livré le sang du Juste, ils lui répondirent : Que nous importe ! Cela vous regarde. (Mt. 27, 4.) Que nous importe, dites-vous, malheureux ! Cela ne vous regarde pas, vous qui venez de crucifier le Juste ! cela