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de satisfaire à ses dernières volontés (il « l’avait formellement chargé de ce soin ») sollicita un privilège pour la publication de l’Histoire Comique, titre fantaisiste sous lequel il présentait la première partie de L’Autre Monde. Une fraction des manuscrits de Cyrano avait été dérobée, ou plutôt perdue, au moment où le malade quittait l’Hôtel d’Arpajon ; mais le Voyage dans la Lune était heureusement sauvé, grâce aux copies qui en avaient été faites. Le Bret qui venait de recevoir la prêtrise et professait ainsi des idées religieuses opposées à celles de Cyrano, se trouvait en face d’une situation délicate : Devait-il mettre au jour une œuvre nettement hostile à la religion et aux bases mêmes de l’État, pouvant entraîner des poursuites contre l’éditeur, ou devait-il, au contraire, la détruire ? Il résolut « ce cas de conscience » en omettant les passages par trop osés des États et Empires de la Lune et en indiquant par des points le début des suppressions. Amputé de la sorte, le testament philosophique et scientifique de Cyrano, travesti en « histoire comique » perdait toute importance. Il fut achevé d’imprimer le 29 mars 1657 et mis en vente chez les libraires dans le courant du mois d’avril. Sans passer complètement inaperçu, l’ouvrage obtint un succès relatif, une seconde édition suivit deux ans après.

Les Lettres des Œuvres diverses de 1654, parues du vivant de Cyrano, avaient eu un certain retentissement à l’étranger ; leur style alambiqué séduisit un Anglais qui en donna à Londres en 1658 une adaptation sous le titre : Satyrical Characters and handsome Descriptions, in Letters written to several person of quality… précédée dés lignes suivantes :


Ses productions [de Cyrano] abondent en pensées antithétiques et en scintillements d’esprit ; elles sont piquantes, aiguisées, étincelantes comme les fragments d’un pilier de