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à l’aise. Il commence en précisant : « C’est moi, Cyrano, l’auteur. »

D’où diable me vient cette humeur !
Mon âme n’est-elle point dupée ?
Moi qui ne suis qu’un escrimeur.
Suis-je bien devenu rimeur ?
Où ma verve est-elle occupée,
Et faut-il dans cette rumeur
Joindre ainsi la plume à l’épée ?…

Il diffame ensuite Mazarin avec un acharnement inouï :

Ha, ha, je vous tiens Mazarin.
Esprit malin de notre France,
Qui pour obséder son destin
Faites le soir et le matin
Main basse dessus sa pitance.
Au coup vous serez bien fin
Si vous évitez la potence…

Vos malices ont eu leur cours
Puisque par toute la nature,
Vous avez fait cent mauvais tours,
Vous avez finé tous les jours
Et Créateur et créature,
Et vous avez fait à rebours
Le gaillard péché de luxure.

C’est où vous êtes trop savant,
Cardinal à courte prière ;
Priape est chez vous à tout vent,
Vous tranchez des deux bien souvent
Comme un franc couteau de tripière,
Et ne laissez pas le devant
Sans escamoter le derrière…


À cette mazarinade outrageante succèdent deux pièces laudatives destinées à provoquer la générosité de Mme de Rohan et de Mme de Chatillon ; il les signe de ses