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seroit entendu contre nous avec ses compatriotes ; enfin de quelque biais qu’on avance la gloire de ce Royaume, son Eminence aura toujours grand tort, à moins qu’elle fasse ses envieux assez grands pour ne lui plus porter d’envie. Que le feu des calomnies pousse donc tant qu’il voudra sa violence contre elle, sa réputation est un rocher au milieu des flots, que la tempête lave au lieu d’ébranler, et cette même force qui le rend capable de supporter le faix d’un Empire, ne l’abandonnera pas quand il sera question de supporter des injures.

La seconde batterie dressée contre lui, attaque sa naissance. Hé quoi ! sommes-nous obligés d’instruire des ignorants volontaires ? Leur devons-nous apprendre, à cause qu’ils font semblant de ne le pas savoir, que la famille des Mazarin, de laquelle est sorti le père de Monsieur le Cardinal, est non seulement des plus nobles, mais encore des mieux alliées de toute l’Italie, et que les armes de son illustre race, sont des plus anciennes entre toutes celles dont la vieille Rome a conservé le nom. L’ignorance des sots auroit un grand privilège, si nous étions obligés d’écouter patiemment le rebours de toutes les vérités qui ne sont pas de sa connoissance.

Le peuple de la Place Maubert et des Halles ne veut pas tomber d’accord de ces vérités qui sont manifestes ; mais ce Peuple ne seroit pas de la lie, s’il pouvoit être sainement informé de quelque chose ; outre que c’est la coutume, quand il aperçoit des vertus élevées d’une hauteur où sa bassesse ne peut atteindre, de s’en venger à force d’en médire. Quoique Monsieur le Cardinal de Richelieu fût très connu, qu’il sortît d’une des plus anciennes Maisons du Poitou, qu’il touchât de parenté aux Seigneurs François de la plus grande marque, et que nos Princes mêmes partageassent avec lui le sang de leurs