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de Bergerac et notre grand comique se seraient liés chez l’archiprêtre de Digne. À l’appui de cette hypothèse il a groupé certaines présomptions, la première seule vise Cyrano :


Molière aurait alors entendu Cyrano lire le Pédant joué ; deux scènes du Mariage forcé trahissent un auteur fort au courant des disputes philosophiques ; dans les Femmes savantes quelques traits, justes toujours, suffisent à caractériser les différentes sectes : platonisme, péripatétisme, Descartes et sa matière subtile, etc., enfin la traduction perdue de Lucrèce s’expliquerait difficilement sans les entretiens de Molière avec Gassendi.


Pour nous, à moins de ramener la composition du Pédant joué à l’époque du séjour de Cyrano au collège de Beauvais — et rien ne le prouve ni ne permet de le supposer — il n’a pas eu le loisir de se livrer à des travaux littéraires de longue haleine entre 1638 et 1642. L’écrivain qui sommeillait en lui ne s’était pas encore éveillé.

Tristan L’Hermite aurait-il été aussi un des auditeurs de Gassendi ? Oui, si on considère la nature des éloges dont Cyrano l’accable :


C’est une honte aux Grands de la France, de reconnaître en lui sans l’adorer les vertus dont il est le trône… Il est tout esprit, il est tout cœur et il a toutes les qualités dont jadis une servait à marquer un héros. Enfin je ne puis rien ajouter sinon que c’est le seul poète, le seul philosophe et le seul homme libre que la France ait…


Ce panégyrique, sous la plume de l’auteur de l' Autre Monde, découvre un Tristan que ses contemporains (et depuis les érudits qui se sont occupés de ce dramaturge) ont ignoré ; il ferait, en effet, de l’auteur applaudi de Mariane un inspirateur des utopies cyranesques ; mais la