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— Ha ! c’est sans doute, m’écriai-je, par l’entremise de cet énergique idiome, qu’autrefois notre premier père conversoit avec les animaux, et qu’il étoit entendu d’eux ? Car comme la domination sur toutes les espèces lui avoit été donnée, elles lui obéissoient, parce qu’il les faisoit obéir en une langue qui leur étoit connue ; et c’est aussi pour cela (cette langue matrice étant perdue) qu’elles ne viennent point aujourd’hui comme jadis, quand nous les appelons, à cause qu’elles ne nous entendent plus. »

Le petit homme ne fit pas semblant de me vouloir répondre ; mais reprenant le fil de son discours, il alloit continuer, si je ne l’eusse interrompu encore une fois. Je lui demandai donc en quel Monde nous respirions ; s’il étoit beaucoup habité, et quelle sorte de gouvernement maintenoit leur police. « Je vais, répliqua-t-il, vous étaler des secrets qui ne sont point connus en votre climat.

« Regardez bien la terre où nous marchons ! Elle étoit il n’y a guère, une masse indigeste et brouillée, un chaos de matière confuse, une crasse noire et gluante dont le Soleil s’étoit purgé. Or après que par la vigueur des rais qu’il dardoit contre, il a eu mêlé, pressé, et rendu compactes ces nombreux nuages d’atomes ; après, dis-je, que par une longue et puissante coction, il a eu séparé dans cette boule les corps les plus contraires, et réuni les plus semblables, cette masse outrée de chaleur a tellement sué, qu’elle a fait un déluge qui l’a couverte plus de quarante jours ; car il falloit bien à tant d’eau cet espace de temps pour s’écouler aux régions les plus penchantes et les plus basses de notre globe.

« De ces torrens d’humeur assemblés, il s’est formé la mer, qui témoigne encore par son sel que ce doit être un amas de sueur, toute sueur étant salée (179). Ensuite de la