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m’est pas plus difficile à moi qui suis né dans le Soleil, de condenser ses rayons qui sont la poussière de ce Monde-là, qu’à vous d’amasser de la poussière ou des atomes qui sont de la terre pulvérisée de celui-ci. Là-dessus notre Hôte envoya un Valet conduire les Philosophes, parce qu’il étoit nuit, avec une douzaine de globes à vers pendus à ses quatre pieds. Pour nous autres (savoir : mon Précepteur et moi), nous nous couchâmes par l’ordre du Physionome. Il me mit cette fois-là dans une chambre de violettes et de lis, m’envoya chatouiller à l’ordinaire, et le lendemain sur les neuf heures je vis entrer mon Démon, qui me dit qu’il venoit du Palais où , l’une des Demoiselles de la Reine, l’avoit prié de l’aller trouver, et qu’elle s’étoit enquise de moi, témoignant qu’elle persistoit toujours dans le dessein de me tenir parole, c’est-à-dire que de bon cœur elle me suivroit, si je la voulois mener avec moi dans l’autre Monde. « Ce qui m’a fort édifié, continua-t-il, c’est quand j’ai reconnu que le motif principal de son voyage étoit de se faire Chrétienne. Ainsi je lui ai promis d’aider son dessein de toutes mes forces, et d’inventer pour cet effet une machine capable de tenir trois ou quatre personnes, dans laquelle vous y pourrez monter ensemble dès aujourd’hui. Je vais m’appliquer sérieusement à l’exécution de cette entreprise : c’est pourquoi afin de vous divertir cependant que je ne serai point avec vous, voici un Livre que je vous laisse. Je l’apportai jadis de mon pays natal ; il est intitulé : les États et Empires du Soleil, avec une Addition de l’Histoire de l’Étincelle. Je vous donne encore celui-ci que j’estime beaucoup davantage ; c’est le Grand Œuvre des Philosophes, qu’un des plus forts esprits du Soleil a composé (123). Il prouve là-dedans que toutes choses sont vraies, et déclare la façon d’unir physiquement les