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aventure qui mérite un plus long entretien, repartit mon guide ; ce soir, quand nous serons retirés, il nous contera lui-même les miraculeuses particularités de son voyage, »

Nous arrivâmes, en finissant ceci, sous une espèce d’hermitage fait de branches de palmier ingénieusement entrelacées avec des myrtes et des orangers. Là j’aperçus dans un petit réduit des monceaux d’une certaine filoselle si blanche et si déliée qu’elle pouvoit passer pour l’Ame de la neige. Je vis aussi des quenouilles répandues ça et là. Je demandai à mon conducteur à quoi elles servoient : « À filer » me répondit-il. Quand le bon Énoc veut se débander de la méditation, tantôt il habille cette filasse, tantôt il en tourne du fil, tantôt il tisse de la toile qui sert à tailler des chemises aux onze mille Vierges. Il n’est pas que vous n’ayez quelquefois rencontré en votre Monde je ne sais quoi de blanc qui voltige en automne, environ la saison des semailles ; les paysans appellent cela « Coton de Notre-Dame », c’est la bourre dont Énoc purge son lin quand il le carde. »

Nous n’arrêtâmes guère, sans prendre congé d’Énoc dont cette cabane étoit la cellule, et ce qui nous obligea de le quitter sitôt, ce fut que de six heures en six heures il fait oraison et qu’il y avoit bien cela qu’il avoit achevé la dernière.

Je suppliai en chemin Hélie de nous achever l’histoire des assomptions qu’il m’avoit entamée, et lui dis qu’il en étoit demeuré, ce me sembloit, à celle de saint Jean l’Évangéliste. « Alors puisque vous n’avez pas, me dit-il, la patience d’attendre que la Pomme de Savoir vous enseigne mieux que moi toutes ces choses, je veux bien vous les apprendre : Sachez donc que Dieu… » À ce mot, je ne sais comme le Diable s’en mêla, tant y a que je ne pus pas m’empêcher de l’interrompre pour railler : « Je m’en souviens, lui dis-je, Dieu fut un jour averti que