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vail de bien chanter un jour au Lutrin. Ô Dieux ! un Philoſophe comme vous, peut-il preferer au repos d’une ſi agreable retraite, la vanité, les chagrins, & les embarras de la Cour. Ah ! Monſieur, ſi vous ſçaviez qu’un Gentilhomme champeſtre eſt un Prince inconnu, qui n’entend parler du Roy qu’une fois l’année, & ne le connoiſt que par quelque vieux couſinage ; Et ſi de la Cour où vous eſtes, vous aviez des yeux aſſez bons pour apercevoir juſques icy ce gros Garçon qui garde vos Codindes, le ventre couché ſur l’herbe, ronfler paiſiblement un ſomme de dix heures tout d’une piece, ſe guerir d’une fièvre ardante en devorant un quartier de lard jaune, vous confeſſeriez que la douceur d’un repos tranquille, ne ſe goûte point ſous les lambris dorez. Revenez donc, je vous prie, à voſtre ſolitude, pour moy je penſe que vous en avez perdu la memoire : Oüy ſans doute vous l’avez perduë ; Mais en verité reſte-t’il encore quelque ſombre idée dans voſtre ſouvenir de ce Palais enchanté dont vous vous eſtes banny ? Ah je vois bien que non, il faut que je vous en envoye le Tableau dans ma Lettre. Ecoutez-le donc le voicy : car c’eſt un Tableau qui parle. On rencontre à la porte de la Maiſon une