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Du Teuton prisonnier et lui dit à voix basse :
«Je connais vos secrets et plains votre disgrâce,
Noble fille, au front pur, de notre chef vaillant!
Relevez votre esprit abattu, défaillant...
Mais comment pouvez-vous donner votre tendresse
A l’ennemi qui hait la foi de nos aïeux!
C’est une illusion, propre à votre jeunesse,
De croire à l’union, par l’amour radieux,
De deux peuples rivaux, de deux races hostiles
Qui, renonçant soudain à leur luttes stériles,
Auraient la même foi, croiraient au même dieu.
Puisse l’avenir voir accomplir votre vœu!
Mais pas demon vivant; car j’exècre dans l’âme
Les odieux Germains. Leur nation infâme,
De tout temps, fut en guerre, avec nos dieux et nous.
Je voudrais les fouler aux pieds, dans mon courroux;
Mais voyant vos soupirs pour le page et vos larmes,
Je ne permettrai pas, qu’on lui donne la mort.
Je veux pouvoir le vaincre encore avec ses armes,
En le renvoyant libre, en dépit de l’effort
Et du cruel désir de Marti, la prêtresse...»
Puis, s’approchant tout près de la jeune princesse,
Il lui souffie à l’oreille un mot qui la ravit.