Page:Cuzent - Îles de la Société, Tahiti, 1860.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 16 —

élevées, sur des pics, sur des crêtes de montagnes, autour de cratères éteints, sommités qui toutes ont pu être ou graduellement submergées ou brusquement affaissées.

Cette théorie est contraire à celle que vient d’émettre tout récemment l’amiral Dupetit-Thouars[1], et que Forster, compagnon de voyage de Cook, avait déjà émise.

Au lieu de voir les restes d’un continent dans les îles de l’océanien, opinion qu’il partageait, dit-il, avant son voyage dans ces mers, M. l’amiral admet que ces îles en sont, au contraire, les éléments, et il ajoute :

« Les îles madréporiques annulaires, des Pomotu ont pour base une seule tige dont les branches partent, en affectant tantôt la forme d’un arbre taillé en espalier, tantôt celle des poiriers, de manière à former une coupe circulaire dont les branches ne sont pas toujours également rapprochées, mais dont l’intérieur est presque toujours vide. Il en résulte que lorsque le bout des branches arrivent à la surface de l’eau, elles forment successivement de petits îlots qui augmentent en nombre jusqu’à ce que toutes les branches soient parvenues à la surface. Alors le groupe a une disposition circulaire et la végétation se produit sur ces îlots qui, en se développant horizontalement, se soudent l’un à l’autre et finissent par devenir une île annulaire. Les coraux, en continuant toujours à se développer, comblent les bassins intérieurs. D’île annulaire qu’elle était, elle devient complète et de plus fertile.

Des groupes d’îles nouveaux apparaissent chaque jour dans cet archipel, et il n’est pas douteux qu’un jour à venir, toutes ces îles se réunissent pour n’en former qu’une seule. »

Les îles madréporiques ne se composent pas exclusivement de madrépore en corymbe, mais de plusieurs autres espèces telles que de Caryophyllies et de polypiers pierreux agglomérés les uns avec les autres ; d’Astrées, qui se reproduisent par bourgeons, s’agrègent, s’élèvent parallèlement les uns aux autres, de manière à constituer

  1. Voir le journal l’Illustration, 26 février 1859.