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Les madrépores qui constituent ce récit sont très-répandus dans l’océan Pacifique, où ils forment aussi les îles Paumotu ou Pomotu, archipel situé à 100 lieues dans le S.-E. de Tahiti. Comme on le sait, ces îles sont tantôt disposées en anneaux échancrés, ce qui permet souvent aux embarcations de pénétrer dans l’intérieur, ou bien elles sont parfois complètement annulaires. Dans ce cas, le milieu est occupé par un lac entièrement fermé de tous côtés.

Les îlots de Tétiaroa, situés près de Tahiti, au Nord de la pointe Vénus et à 25 milles au large, offrent encore un exemple de cette disposition. Nous aurons occasion d’en reparler plus tard.

La majeure partie des îles de l’océanien sont d’origine volcanique. Tout indique que ce sont les vestiges d’un vaste continent et qu’on doit les considérer comme les sommets d’anciens volcans ou des plus hautes montagnes de cette époque. En relation directe avec les feux souterrains de l’Amérique, plusieurs éprouvent des affaissements ou des soulèvements appréciables, surtout lorsque de violents tremblements de terre se font sentir au Pérou ou au Chili.

Voici un fait qui prouve l’influence des volcans sur ces îles :

Le 7 novembre 1837, de violentes détonations qui semblaient partir des montagnes et qui jetèrent l’épouvante dans l’esprit de toute la population, se firent entendre aux îles Gambier[1]. La mer, après s’être considérablement retirée, reflua avec force et recouvrit un grand espace de terrain. Après quelques mouvements d’aller et de retour, elle rentra dans ses limites ordinaires[2]… On apprit, quelque temps après, que le même jour et presque au même instant, un violent tremblement de terre avait lieu à Valdivia (Chili).

Joignant nos observations personnelles à celles de Beechy, de MM. Milne Edwards, Darwin et Dana, nous dirons que les constructions madréporiques ne peuvent prendre naissance à de grandes profondeurs dans l’océan, mais seulement sous des roches sous-marines

  1. L’archipel des Gambier ou de Manga-Revu est situe par 136° 4′ de longitude ; 23° 10′ de latitude.
  2. Ce fait, qui se trouve consigné dans le Voyage au Pôle Sud, t. 3, p. 395, nous a été répété, lors de notre récent passage à Manga-Reva, par des témoins oculaires, les PP. Laval et Armand Chausson, missionnaires.