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La minéralogie a fait tant de progrès dans ces dernières années, que les travaux de Daubenton dans cette partie de l'histoire naturelle sont presque éclipses aujourd'hui, et qu'il ne lui restera peut-être que la gloire d'avoir donné à la science celui qui l'a portée le plus loin : c'est lui qui a été le maître de M. Haüy. Il a publié cependant des idées ingénieuses sur la formation des albâtres et des stalactites[1], sur les causes des herborisations dans les pierres[2], sur les marbres figurés, et des descriptions de minéraux peu connus aux époques où il les fit paraître[3]. Il est vrai que sa distribution des pierres précieuses n‘est point conforme à leur véritable nature ; mais elle donne du moins quelque précision à la nomenclature de leurs couleurs[4].

On retrouve plus ou moins, dans tous les travaux de Daubenton sur la physique, le genre de talent qui lui était propre, cette patience qui ne veut point deviner la nature, parce qu'elle ne désespère pas de la forcer à s'expliquer elle-même en répétant les interrogations, et cette sagacité habile à saisir jusqu'aux moindres signes qui peuvent indiquer une réponse.

On reconnaît dans ses travaux sur l'agriculture une qualité de plus, le dévouement à l'utilité publique. Ce qu'il a fait pour l'amélioration de nos laines lui méritera à jamais la reconnaissance de l'État, auquel il a donné une nouvelle source de prospérité.

  1. Mémoires de l'Académie pour 1754, p. 237.
  2. Ibid, pour 1782, p. 667.
  3. Ibid., pour 1781.
  4. Voyez encore son Tableau méthodique des minéraux, dont, la 1re éd. est de 1784, la 5e de 1796.