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médecins, jusqu'alors surintendant-nés de cet établissement, lui ayant fait avoir la survivance de sa charge le choix de Buffon se fixa pour toujours sur l'histoire naturelle, et il vit s'ouvrir devant lui cette immense carrière qu'il a parcourue avec tant de gloire.

Il en mesure, d'abord toute l'étendue : il aperçut d'un coup d'œil ce qu'il y avait à faire, ce qu'il était en son pouvoir de faire, et ce qui exigeait des secours étrangers.

Surchargée dès sa naissance par l'indigeste érudition des Aldrovande, des Gesner, des Jonston, l'histoire naturelle s'était vue ensuite mutilée, pour ainsi dire, par le ciseau des nomenclateurs ; les Ray, les Klein, Linnæus même alors, n'offraient plus que des catalogues décharnés, écrits dans une langue barbare, et qui, avec leur apparente précision, avec le soin que leurs auteurs paraissaient avoir mis a n'y placer que ce qui pouvait être à chaque instant vérifié par l'observation, n'en recélaient pas moins une multitude d'erreurs, et dans les détails, et dans les caractères distinctifs, et dans les distributions méthodiques.

Rendre la vie et le mouvement à ce corps froid et inanimé ; peindre la nature telle qu'elle est, toujours jeune, toujours en action ; esquisser à grands traits l'accord admirable de toutes ses parties, les lois qui les tiennent enchaînées en un système unique ; faire passer dans ce tableau toute la fraîcheur, tout l'éclat de l'original : telle était la tâche la plus difficile de l'écrivain qui voudrait rendre cette belle science le lustre qu'elle avait perdu ; telle était celle où l'imagination ardente de Buffon,