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velles découvertes, on reconnut, en effet, dans ce bon vieillard, un esprit au-dessus des préventions naturelles à son âge : il traita ses nouveaux disciples en père, et non en vieux savant. Il est vrai qu’il était peu disposé à la critique, et que dans ses ouvrages il donna volontiers à ses contemporains les louanges qu’ils méritaient ; effort bien aussi méritoire que celui d’en donner à ses élèves : aussi est-il peut-être celui de tous les savants distingués du dix-huitième siècle qui a été le moins critiqué par les autres. On lui a reproché quelquefois une certaine ardeur à rassembler, à accaparer, pour ainsi dire, de tout côté les observations ou les objets d’étude recueillis par d’autres : qualité faite pour déplaire à ceux dont les travaux particuliers pouvaient se perdre dans la masse de gloire qui appartient légitimement à l’homme qui a conçu un grand plan, mais sans laquelle une infinité de faits utiles par leur seule réunion auraient été perdus pour la science. Il n’a d’ailleurs jamais tiré parti observations étrangères sans rendre une justice explicite à leurs auteurs.

Rendu ainsi au pays qui l’avait vu naître, et à des amis faits pour l'apprécier ; rapproché d’un frère aîné pour lequel une séparation si longue n’avait fait que réchauffer ses sentiments naturels ; soigné par sa fille unique, qui lui avait voué l’attachement le plus tendre, M. Pallas devait espérer encore quelques années heureuses. Il lisait avec intérêt les nouveaux ouvrages d'histoire naturelle : il projetait de visiter les villes de France et d’Italie les plus riches en collections instructives ; de faire connaissance avec les hommes distingués