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tendit admettre les femmes aux honneurs du sacerdoce. Les rigides partisans des anciens usages ne lui pardonnèrent pas cette idée, et elle lui fit perdre les deux tiers de son empire.

M. Pallas ne nous laisse ignorer aucun des mystères ni des rites du lamisme. En général il se montre aussi habile à faire connaître les usages et les opinions des peuples, qu’il l’avait été, dans ses premiers ouvrages, à décrire les productions de la nature. On a peine à comprendre pourquoi ce livre n’a pas été traduit, tandis qu’on nous donne chaque jour tant de voyages insignifiants.

Une partie essentielle de l’histoire des peuples, celle qui nous fait remonter plus haut que tous les documents écrits, c’est la connaissance de leurs langues. C'est par là que l’on peut juger de leur parenté, et suivre leur généalogie mieux que par toutes les traditions ; et il n’est point de gouvernement qui puisse favoriser davantage cette importante étude que celui de la Russie, dont les sujets parlent plus de soixante langages différents. L'impératrice Catherine eut l'idée ingénieuse de faire rédiger des vocabulaires comparatifs de toutes les peuplades soumises à son sceptre[1] : elle y travailla elle-même pendant quelque temps, et chargea M. Pallas, celui de tous savants qui avait vu le plus de peuples et appris le plus de langues, de recueillir les vocabulaires asiatiques, mais en l'astreignant à suivre la liste des mots qu’elle

  1. Linguarum totius orbis vocabuluria comparativa, Augustissimæ cura collecta ; 2 vol. in-4o. Pétersb., 1786 et 1789.