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calme pour concevoir de ces idées mères, propres à faire révolution dans les sciences ; mais M. Pallas fit exception à cette règle. Nous avons vu à combien peu il a tenu qu’il ne changeât la face de la zoologie ; il a vraiment changé celle de la terre. Une considération attentive des deux grandes chaînes de montagnes de la Sibérie lui fit apercevoir cette règle générale, qui s’est ensuite vérifiée partout, de la succession des trois ordres primitifs de montagnes, les granitiques au milieu, des schisteuses à leurs côtés et les calcaires en dehors. On peut dire que ce grand fait, nettement exprimé, en 1777, dans un mémoire[1] lu à l’Académie en présence du roi de Suède Gustave III, a donné naissance à toute la nouvelle géologie : les Saussure, les Deluc, les Werner, sont partis de là pour arriver à la véritable connaissance de la structure de la terre, si différente des idées fantastiques des écrivains précédents.

M. Pallas a rendu d’ailleurs un bien grand service à la géologie par son deuxième mémoire sur les fossiles de Sibérie [2] où il rassemble tout ce qu’il en avait observé pendant son voyage, et rapporte surtout ce fait, presque incroyable alors, d’un rhinocéros trouvé tout entier dans la terre gelée, avec sa peau et sa chair. L'éléphant découvert depuis peu sur les bords de la mer dans une masse de glace, et si bien conservé que les chiens ont mangé sa chair, a confirmé cette impor -

  1. Observations sur la formation des montagnes ; Act. Petrop., ann. 1778, pars I, etc. ; et séparément, in-12°, Pétersbourg, sans date, réimprimées à Paris en 1779 et 1782.
  2. Nov. comm. Peir. XVII.