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M. Pallas employait le loisir de ses quartiers d’hiver à rédiger son journal, et, d’après le plan prescrit par le comte Orlof, il l'envoyait chaque année à Pétersbourg, où l’on en publiait les volumes à mesure qu’ils étaient imprimés[1].

On conçoit que, travaillant ainsi à la hâte, privé dans ces solitudes de livres et de tous moyens de comparaison, il devait être exposé à faire quelques méprises, à insister sur des choses connues, comme si elles eussent été nouvelles ; à revenir plusieurs fois sur les mêmes choses. Nous conviendrons néanmoins qu’il aurait pu y mettre plus de vie, et faire saillir davantage les objets intéressants. Il faut l’avouer, cette longue et sèche énumération de mines, de forges ; ces nomenclatures répétées des plantes communes qu’il cueillait, ou des oiseaux vulgaires qu'il voyait passer, ne forment pas une lecture agréable : il ne transporte pas son lecteur avec lui ; il ne lui met point en quelque sorte sous les yeux par la puissance du style, comme l‘ont fait des voyageurs plus heureux, les grandes scènes de la nature, ni les mœurs singulières dont il a été le témoin : mais l’on conviendra sans doute aussi que les circonstances où il écrivait n’avaient rien de bien inspirant.

Des hivers de six mois, passés dans des cabanes, loin de toute idée d’instruction, avec du pain noir et de l’eau-de-vie pour uniques restaurants ; un froid qui

  1. Le premier volume in-4o parut en l772 ; le second, en 1773, et le troisième, en 1776, en allemand, avec beaucoup de planches et de cartes. On en a une traduction française par M. Gauthier de la Peyronie en 4 vol. in-4o, Paris, 1777, et une édition avec des notes de MM. Lamarck et Longlès ; Paris, an 2, 8 vol. in-8o avec un atlas.