Daourie, qui s’étend jusque sur les frontières de la domination chinoise. C’est ici seulement qu’il commença à observer une nature entièrement différente de celle de l’Europe : les plantes y prennent des formes singulières ; des animaux, des genres inconnus chez nous, y gravissent les rochers ou s'y égarent quelquefois des grands déserts du milieu de l’Asie.
M. Pallas, après avoir vu une infinité de peuplades à demi sauvages, retrouva enfin ici une nation civilisée, mais dont la civilisation ne ressemble par aucune de ses formes à celle de l’Europe. Il ne put s’empêcher de considérer les Chinois comme une race séparée de nous, au moins depuis la dernière catastrophe du globe, et qui a suivi dans son développement une marche entièrement isolée.
Revenant presque sur ses pas, et après avoir passé une seconde fois l'hiver à Krasnojarsk, notre voyageur retourna, en 1773, sur_le Jaïk et sur la mer Caspienne, visite Astrakan, étudia les Indiens, les Buchares et les autres habitants du centre et du midi de l'Asie qui viennent se mêler à la bizarre population de cette ville ; il se rapprocha du Caucase, cette pépinière des hommes blancs, comme les montagnes de la Daouric paraissent l’avoir été des hommes jaunes ; passa encore un hiver au pied de cette branche de montagnes qui sépare le Volga du Tanaîs, et fut enfin de retour à Pétersbourg le 30 juillet 1774.
Pendant qu’il poursuivait ainsi la route principale, il envoyait dans diverses directions des élèves qui lui étaient subordonnés.