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moyen si efficace : elle y fut d’ailleurs excitée par une circonstance particulière.

Lors du premier passage de Vénus sur le soleil, en 1763, la France avait envoyé l’abbé Chappe d’Auteroche à Tobolsk pour y faire des observations astronomiques ; il publia à son retour une relation, dont le ton plein de sarcasmes irrita tellement l'impératrice, qu’elle prit, dit-on, la peine de la réfuter elle-mème.

Elle ne voulut donc point que des nations étrangères se chargeassent d’observer le second passage, qui devait avoir lieu en 1769 ; et en choisissant pour ce travail des astronomes de son académie, elle jugea nécessaire d’envoyer avec eux des naturalistes capables d’examiner le pays.

Ce fut pour avoir part à cette entreprise que M. Pallas eut le bonheur de se voir appelé. Je dis bonheur, parce qu’il envisagea ainsi cette vocation : un voyage lointain est toujours si séduisant pour un jeune homme, surtout quand ce jeune homme est naturaliste ; et ce désir de chercher des productions nouvelles nous a probablement privés de bien des découvertes de l’esprit. M. Pallas lui-même en est une preuve : quoique d’une activité sans bornes, quoique moins exposé que personne à se laisser distraire de ses méditations par ses fatigues, on ne peut guère douter qu’il n’eut fait faire de plus grands pas à la science par son génie que par ses courses.

Il montra bien la réunion de ces deux qualités pendant environ un an qu’il resta à Pétersbourg. Au milieu de tous les préparatifs d’un si grand voyage, il rédigea