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torum (Tableau des zoophytes), le premier de ses grands ouvrages. Vingt-cinq ans auparavant, les coraux passaient encore généralement pour des plantes, et la découverte que fit Peyssonnel de leur nature animale parut si paradoxale à Réaumur, qu’en la citant publiquement il n’osa en nommer l’auteur. Mais bientôt les découvertes plus étonnantes de Trembley sur la divisibilité du polype, et les observations détaillées de Bernard de Jussieu et d’Ellis sur les coralines de nos cotes, ne laissèrent plus aucune prise au doute. De l’aveu de tous les naturalistes, un ordre entier d’êtres organisés passa d’un règne à l’autre : Linnæus l'inscrivit parmi les animaux ; le jeune Pallas prit sur lui d’en faire la revue et le catalogue. Les collections de Hollande lui en fournirent une riche moisson, qu’il disposa avec une rare sagacité. La netteté de ses descriptions, le soin avec lequel il rapporte à ses espèces les synonymes des autres naturalistes, étaient déjà bien remarquables dans un auteur de vingt-cinq ans. Son introduction l'était encore plus : il y rejette cette division ancienne des êtres naturels en trois règnes, et y fait voir que les plantes n’ont pas des classes marquées comme les animaux, en sorte qu’elles ne sont pour ainsi dire qu’une des classes du grand règne organique, comme les quadrupèdes, les poissons, les insectes en sont d’autres ; vérité, dont à peine nos botanistes paraissent pénétrés aujourd’hui. En admettant, toutefois ce rapprochement de deux règnes, il n’a garde d’admettre aussi cette échelle unique des êtres, à qui le talent de Bonnet venait de donner