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nute ni une parole, et il en avait trouvé, en effet, une solution si complète, qu'elle étonnerait les hommes les plus économes de temps et de mots. Ses gens connaissaient, à ses signes, tout ce qu'il lui fallait ; et comme il ne leur demandait presque rien, ce genre de dictionnaire n'était pas très-long. Il n'avait qu'un habit à la fois, que l'on renouvelait à des époques fixes, toujours avec le même drap et de la même couleur. Enfin, l'on va jusqu'à dire que, quand il montait à cheval, il devait trouver ses bottes toujours au même endroit, et le fouet dans l'une des deux et toujours dans la même.

Une occasion d'assister à quelque expérience nouvelle, ou de converser avec quelqu'un qui pût l'instruire ou qui eût besoin de ses instructions, était seule capable d'interrompre l'ordre établi, ou plutôt ce genre d'interruption faisait lui-même partie de l'ordre. Alors M. Cavendish s'abandonnait au plaisir de causer, et son dialogue, tout à fait socratique, ne finissait point que tout ne fût éclairci.

Dans tout le reste, son train de vie avait la régularité et la précision de ses expériences ; il ne put même être altéré par un incident qui aurait, à coup sûr, produit chez tout autre une grande anomalie.

Cadet d'une branche cadette, il était assez pauvre dans sa jeunesse, et ses parents le traitaient, dit-on, en homme qui avait l'air de ne devenir jamais riche. Le hasard ou son mérite réel en décida autrement.

Un des ses oncles qui avait fait la guerre aux Indes, et qui en rapportait une très-grande fortune, conçut pour lui un attachement particulier, et la lui laissa tout en -