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mettre leurs recherches, à peu près sûrs que, s'il les approuvait, personne n'y trouverait plus rien à redire. Il se traitait lui-même plus sévèrement qu'aucun autre ; et c'est ainsi qu'il a donné à ses travaux une perfection telle qu'il n'y a encore à présent rien à changer ni à ajouter, quoique les premiers aient paru depuis plus de quarante ans, et que la science à laquelle ils se rapportent ait subi dans l'intervalle une révolution complète : avantage peut-être unique depuis que l'on écrit sur les sciences.

Cet esprit rigoureux, introduit dans les recherches de la chimie par l'influence de M. Cavendish, a d'ailleurs rendu à cette science d'aussi grands services que ses découvertes mêmes ; car c'est encore à sa méthode que sont dues en grande partie les découvertes qu'il n'a pas faites. Jusque vers le milieu du dix-huitième siècle, la chimie semblait être restée l'asile des systèmes et des suppositions gratuites, que Newton venait de chasser de la physique : Cavendish et Bergman les y ont poursuivies ; ils ont nettoyé cette étable d'Augias, encore obstruée du fumier de la philosophie hermétique. Après eux, personne n'a plus osé opérer autrement que sur des quantités déterminées, et en tenant un compte exact de tous les genres de produits ; et c'est là ce qui fait le caractère distinctif de la chimie moderne, beaucoup plus que ses théories, qui, toutes belles qu'elles nous paraissent, ne seront peut-être pas inattaquables, si l'on vient un jour à se rendre maître des substances qui nous échappent encore.

M. Cavendish tenait cet esprit sévère d'une étude