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et quels temps il fallait pour de telles correspondances !

M. Cavendish en vint enfin à examiner l'atmosphère elle-même : elle produit sur les êtres vivants des effets si variés, qu'il était naturel de la supposer très variable dans la proportion de ses éléments.

Priestley, qui avait découvert l'air pur ou respirable, avait aussi découvert les moyens d'estimer la respirabilité d'un air quelconque ; il ne s'agissait que de mesurer la portion qui s'en absorbait quand on le mêlait avec de l'air nitreux : mais ses instruments étaient encore imparfaits, malgré les corrections qu'y avait apportées Fontana.

M. Cavendish, par une légère différence dans le procédé manuel, leur donna une précision très supérieure[1], et, les ayant employés à comparer l'air pris en différents lieux et en différents temps, parvint à ce résultat bien peu attendu, que la portion de l'air respirable est la même partout, et que les odeurs qui affectent si sensiblement nos sens, et les miasmes qui attaquent si cruellement notre économie, ne peuvent être saisis par aucun moyen chimique : résultat qui, sous une première apparence presque décourageante, offre à celui qui réfléchit une perspective immense, et montre déjà dans le lointain des sciences qui n'existent pas encore pour nous, et auxquelles seules il est peut-être réservé de nous donner le secret de celles d'aujourd'hui.

  1. Trans. phil., 1783, 1re partie, p. 106.