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l'eau de sa qualité d'élément ; et ces doctrines si nouvelles et si opposées aux opinions reçues, il les a mises dans une évidence plus étonnante encore que leur découverte même. Les écrits où il les expose sont autant de chefs-d’œuvre de sagacité et de méthode, parfaits dans leur ensemble et dans leurs détails, où aucune autre main n'a rien eu à refaire et dont l'éclat n'a fait que s'accroître avec les années : en sorte qu'il n'y a nulle témérité à présager qu'il fera rejaillir sur sa maison autant de lustre qu'il en a reçu d'elle, et que ces recherches qui excitaient peut-être la pitié et le mépris de quelques-uns de ses proches, feront encore retentir son nom à un époque où son rang et ses aïeux auraient eu peine à le porter. L'histoire de trente siècles nous enseigne, en effet, bien clairement, que les vérités grandes et utiles sont à la longue le seul héritage durable que puissent laisser les hommes.

Assurément des génies de cet ordre n'ont pas besoin d'être loués ; mais il est nécessaire de les donner en exemple, et tel sera notre objet en retraçant la vie ou plutôt en vous présentant un abrégé des travaux de Henri Cavendish, écuyer, membre de la Société royale de Londres et associé étranger de l'Institut de France.

Nous disons un abrégé de ses travaux : parce qu'en effet il a été assez heureux ou assez sage pour que l'on ne sache presque autre chose de lui, et qu'il n'y ait dans son histoire d'autres incidents que des découvertes. Que l'on n'y cherche donc point cet intérêt qui naît d'aventures singulières ou variées mais que son uniformité ne la fasse point dédaigner : savoir à la fois