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la moindre différence de mérite entre les docteurs.

Que l’on juge du trouble que dut produire, parmi des esprits ainsi disposés, le projet de choisir une cinquantaine d’entre eux pour leur confier des travaux particuliers, et plus encore, celui de leur assigner des distinctions et des émoluments. Une aristocratie dangereuse s’élevait au sein de la république ; les nouveaux sociétaires étaient des schismatiques, des enfants ingrats qui conspiraient contre leur mère ; la Faculté devait les repousser à jamais : tel fut le cri général de ceux qu’on n‘avait pas choisis, et ce cri devint le signal d’une guerre de plusieurs années. La Faculté en corps livrait gravement des combats judiciaires devant le parlement, et quelques-uns de ses membres escarmouchaient, en vrais partisans, par des brochures pleines de fiel : la société, qui avait la faveur des gens en place, se bornait à l’implorer sans bruit ; mais l’aigreur, des deux parts, était portée au comble.

À cette époque, M. Desessarts, qui était enfin venu s’établir à Paris, n’appartenait à la Faculté que depuis cinq ans, et déjà, il y avait parcouru toute la carrière des honneurs : deux fois professeur, il venait, par une faveur inouïe pour un membre si nouveau, d’être élevé au poste de doyen. Il prit donc le parti de son corps, parce qu’il en était le chef, et il le prit avec la ferveur d’un novice. Ses démarches eurent l’ardeur que devait inspirer cette double position, et c’est ainsi qu’on doit excuser quelques injustices auxquelles on dit qu’il fut alors entraîné ; car, une fois livré à la fureur des partis,