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À une époque malheureuse, dont il faut faire le nom et, s’il est possible, effacer le souvenir, l'oubli de toute humanité fut porté au point que quelques familles mettaient l'empressement le plus cruel à se débarrasser de leurs morts. M. Desessarts profita d’une cérémonie publique où il devait faire un discours, pour tonner contre les inhumations précipitées. Il fit une peinture si terrible de l’état d’un malheureux enterré vivant, il en cite des exemples si nombreux, si effrayants, qu’il n'y eut pas un assistant qui ne tremblât pour lui-même, et que quelques administrateurs qui se trouvaient dans l'assemblée, s’occupèrent aussitôt des règlements sages que l’on suit encore aujourd'hui pour la vérification des décès.

C'est ainsi que M. Desessarts saisissait toutes les occasions d’éclairer le public ; il y mettait toute la vivacité d’un cœur vraiment humain : une fois convaincu de l’utilité d’une opinion, rien ne l’arrêtait pour la soutenir ; il bravait les clameurs, et, ce qui est plus difficile dans notre pays, il n’aurait pas même redouté le ridicule.

Malheureusement cette vivacité l'emportait quelquefois trop loin ; elle eut même le tort de lui faire combattre des nouveautés salutaires, parce qu’il ne lui était pas démontré qu’elles fussent sans inconvénient : c’est ainsi qu’il a paru s’opposer à la vaccine, non qu’il la rejetât absolument, mais parce qu’il voulait seulement qu’on ne l'admît qu'après un examen réfléchi. On se souvient que Bouvard a combattu l’inoculation ; mais Bouvard l’a combattue toute sa vie. M. Desessarts au donné un exemple bien contraire ; car les avantages de