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C’était le 16 décembre 1809, le matin d’une fête de famille.

Ses parents, avec qui il vivait dans l’union la plus tendre, avaient coutume de célébrer cette époque par les hommages de l'amitié : plusieurs des nombreux personnages qu’il s’était attachés par son empressement à rendre service, la saisissaient pour lui marquer leur reconnaissance. De toutes parts on accourait la gaieté sur le visage ; chacun apportait quelques fleurs, quelque présent, et ne trouvait que ce corps inanimé et une famille dans l'effroi : triste réunion, préparée pour la joie ; qui ne fit que rendre plus affreuse cette scène de désespoir ; et, comme si tout ce qui pouvait lui arriver d’heureux avait dû se tourner en douleur, une preuve éclatante de la satisfaction de son maître (précieux témoignage longtemps désiré, et qui eût peut-être prolongé ses jours s’il avait osé le prévoir) n’arriva que pour être déposée sur sa tombe.

C'est ainsi que les hommes les plus actifs sont trop souvent arrêtés au milieu de leur carrière : heureux du moins ceux dont il peut rester quelques vérités nouvelles, quelques utiles, le souvenir de quelque bienfait à leurs contemporains. M. de Fourcroy a laissé dans un haut degré ces trois genres de monuments : les fastes de la science sont remplis de ses recherches ; la France est couverte des institutions qu’il a aidé à relever ; un concours immense d’hommes qu’il avait obligés a rendu ses funérailles aussi touchantes que pompeuses, et dans ce long temps où il a joui du pouvoir, en butte à tant de calomnies, fatigué par tant