le reçût en 1785. Néanmoins il donna de bonne heure la préférence à la chimie, entraîné par le talent de Bucquet, qui s’accordait mieux avec celui que la nature commençait à faire éclore en lui.
Bucquet était alors le professeur le plus suivi de la capitale de la méthode, des idées claires, une grande justesse d’expression, de la chaleur et de la noblesse dans le langage, attiraient même les gens du monde à ses cours. Il apprécia bientôt un élève si digne de lui, et un jour que des souffrances imprévus l’empêchèrent de faire sa leçon, il engagea Fourcroy à le remplacer. En vain le jeune homme allègue son peu d’habitude du monde, et représente qu’il n’a encore parlé que pour quelques camarades ; le maître insiste, lui garantit le succès, le presse au nom de l’amitié : Fourcroy, vaincu, monte en chaire, et, la première fois qu'il parle en public, il parle deux heures sans hésitation, sans désordre, comme s’il eût été un professeur consommé. Il a dit souvent depuis que dans cette étonnante épreuve il ne vit rien, n’entendit rien, fut livré tout entier à l'entraînement de sa situation.
Bucquet, que des maladies graves devaient bientôt conduire au tombeau, vit dès lors en Fourcroy l'héritier de son talent, mais il ne le traita point comme tant de gens traitent leur héritier, il mit, au contraire, du zèle à diriger vers lui la faveur du public ; il lui prêta généreusement son amphithéâtre et son laboratoire. C’est chez Bucquet que Fourcroy fit ses premiers cours et composa ses premiers éléments de chimie. Un mariage avantageux, suite de l’accueil