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situation. Cinq ou six années d’une étude assidue allaient lui devenir nécessaires, et il n’avait pas de quoi subsister six mois. À l’époque de sa plus grande fortune on lui a entendu rappeler des détails plaisants sur le degré de détresse où il se trouvait quelquefois réduit. Logé dans un grenier dont la lucarne était si étroite que sa tête coiffée à la mode de ce temps-là, ne pouvait y passer qu’en diagonale, il avait à côté de lui un porteur d’eau, père de douze enfants. C’était le jeune étudiant qui traitait les nombreuses maladies d'une si nombreuse famille ; le voisin lui rendait service pour service : aussi, disait-il ; je ne manquais jamais d’eau.

Le reste, il se le procurait chétivement, par des leçons à d’autre part des recherches pour des écrivains plus riches que lui, et par quelques traductions qu’il vendait à un libraire : pauvre ressource, car il ne fut payé qu’à moitié ; il est vrai, dit-on, que le consciencieux libraire voulut bien acquitter le reste de sa dette trente ans après, quand son créancier fut devenu directeur général de l'instruction publique.

Cette résignation au besoin, cette ardeur au travail, purent bien réparer les défauts de la première éducation, et faire de M. de Fourcroy un médecin instruit : mais ce n’était pas tout ; il fallait être encore un médecin patenté, et le brevet de docteur revenait alors à plus de six mille francs.

Un ancien médecin, le docteur Diest, avait laissé des fonds à la Faculté pour qu’elle accordât tous les deux ans des licences gratuites à l'étudiant pauvre qui les mériterait le mieux. M. de Fourcroy concourut, en 1780,