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d'encouragement finit par lui donner de l’horreur pour l'étude, et il quitta le collège à quatorze ans, un peu moins instruit qu’il n’y était entré.

S’il eût été riche, il en serait probablement resté là, et le dégoût inspiré par un mauvais maître eut étouffé en lui les heureux germes que la nature y avait placés ; mais l'adversité l'attendait, et devint pour lui un maître plus utile, qui répare, les torts de l'autre.

On est effrayé quand on voit ce jeune homme, destiné à devenir, l’un de nos savants les plus illustres, réduit pour vivre à une petite place de copiste et à montrer à écrire à des enfants. On assure qu’il conçut jusqu’au projet de se faire comédien, et que peut-être il le fût devenu, si un de ses camarades, qui avait tenté avant lui cette périlleuse carrière, n’eût été impitoyablement sifflé en sa présence. Le jeune Fourcroy ne voulut plus d’un métier où l’on punit si durement la mauvaise réussite. On dirait qu’il se sentait déjà destiné à en prendre un dont le sort est tout opposé ; et, en effet, bientôt après les conseils de Vicq-d’Azyr le décidèrent pour la médecine.

Ce grand anatomiste voyait et estimait M. de Fourcroy le père : frappé de l'heureuse physionomie du fils, et du courage avec lequel il luttait contre la mauvaise fortune, son peu d’instruction ne l’effraya point. Il le consola, lui promit de le diriger, de le soutenir, et il tint parole. Nous avons entendu M. de Fourcroy, jusqu’à ses derniers jours, parler avec une tendre reconnaissance de ce protecteur de sa jeunesse.

Devenir médecin n’était pas une chose aisée dans sa