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aussi bien que l'impuissance de la fortune pour donner le bonheur ; elle se rattache essentiellement à l’une des plus brillantes époques de l'histoire des sciences, et tient une place importante dans celle de notre régénération politique ; enfin, sans avoir été longue, elle est tellement remplie, que le temps qui m’est accordé me suffira à peine pour en tracer sommairement les principaux actes, et que si j’ai quelque indulgence à demander, ce ne sera point, comme il arrive si souvent dans les éloges, pour avoir appuyé avec trop de complaisance sur des faits de peu de valeur, mais pour avoir passé avec trop de rapidité sur des travaux qui tiendraient une grande place dans l'éloge d’un autre.

Antoine-François comte de Fourcroy, conseiller d’État, commandant de la Légion d’honneur, membre de l'Institut et de la plupart des académies et sociétés savantes de l’Europe, professeur de chimie au Muséum d'histoire naturelle, à la Faculté de médecine de Paris et à l’École polytechnique, naquit à Paris, le 15 juin 1755, de Jean-Michel de Fourcroy et de Jeanne Laugier.

Sa famille était ancienne dans la capitale, et plusieurs de ses parents s’étaient distingués au barreau. L’un d'eux, sous le règne de Charles IX, mérita que l’on fit de son nom cette anagramme, peu exacte à la vérité quant aux lettres, mais juste quant au sens, fori decus. Un second, Bonaventure de Fourcroy, auteur de plusieurs morceaux de jurisprudence et de littérature, fut particulièrement aimé du grand président de Lamoignou : c’est de lui qu’on rapporte cette plaisanterie d’avoir invité Boileau à un repas exactement semblable