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l'intérieur de la terre : ses expériences prouvent même que l'eau de la mer et des lacs est d'autant plus froide qu'on la puise plus profondément.

Il a constaté que le granit est la roche primitive par excellence, celle qui sert de base à toutes les autres ; il a démontré qu'elle s'est formée par couches, par cristallisations, dans un liquide, et que, si ces couches sont aujourd'hui presque toutes redressées, c'est à une révolution postérieure qu'elles doivent leur position. Il a montré que les couches des montagnes latérales sont toujours inclinées vers la chaîne centrale, vers la chaîne de granit ; qu'elles lui présentent leurs escarpements comme si leurs couches se fussent brisées sur elle : il a reconnu que les montagnes sont d'autant plus bouleversées, et que leurs couches s'éloignent d'autant plus de la ligne horizontale, qu'elles remontent à une formation plus ancienne. Il a fait voir qu'entre les montagnes de différents ordres il y a toujours des amas de fragments, de pierres roulées, et tous les indices de mouvements violents. Enfin, il a développé l'ordre admirable qui entretient et renouvelle dans les glaces des hautes montagnes les réservoirs nécessaires à la production des grands fleuves.

S'il eût donné un peu plus d'attention aux pétrifications et à leurs gisements, on peut dire qu'on lui devrait presque toutes les bases qu'a obtenues jusqu'ici la géologie ; mais, sans cesse occupé des grandes chaînes primitives et des épouvantables catastrophes qui ont dû bouleverser leurs énormes masses, il semble qu'il ait un peu méprisé ces collines dont le repos n'a point été