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tropique, et de Saussure, dans un voyage de quelques lieues, bravait presque autant de souffrances que s'il eùt fait le tour du monde.

Sa dernière course, et l'une des plus instructives pour la théorie de la terre, fut celle du mont Rose dans les Alpes pennines, qu'il fit en 1789. Au lieu de ces aiguilles de granit qui percent ordinairement leurs enveloppes pour former la crête des hautes Alpes, il vit là un énorme plateau où le schiste et le calcaire étaient encore restés horizontalement suspendus sur le granit, qu'ils avaient laissé à découvert partout ailleurs, et qui se trouvait lui-même encore disposé par couches horizontales.

Par là se trouvèrent invinciblement confirmées la formation du granit dans un liquide, et la succession les autres terrains primitifs, telles que les observations précédentes de de Saussure les lui annonçaient depuis longtemps.

Ainsi chaque pas qu'il faisait dans les montagnes lui découvrait quelque vérité nouvelle, mettait de l'ordre dans la série de celles qu'il possédait déjà, ou y remplissait quelque lacune.

Il serait intéressant de suivre toutes les métamorphoses qu'essuya le système de ses idées ; mais le temps ne nous le permet pas : contentons-nous de tracer un résumé rapide des principales acquisitions qui résultant en dernière analyse de ses voyages, pour la théorie de la terre.

Il a détruit l'idée que l'on s'était faite jusqu'à lui d'un feu central, d'une source de chaleur placée dans