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limites de la vie, et où l'amour de la science pouvait seul conduire des êtres animés : telle était l'existence à laquelle se condamnait l'historien des Alpes ; telle fut celle que se donna de Saussure pendant les dix années où il recueillit les matériaux de ses premiers volumes, et qu'il reprit bien des fois avant de publier les derniers.

Sans doute, il éprouva aussi bien des jouissances pendant cet intervalle. Il peint avec une sorte d'enthousiasme, dans son discours préliminaire, ce bien-être que lui donnait l'air pur des montagnes, cette admiration que lui faisaient éprouver les vertus simples, le caractère noble des habitants de ces hautes vallées ; il se représente, du sommet de l'Etna, voyant les empires et les hommes dans toute leur petitesse.

Il est vrai qu'un philosophe n'a pas besoin de monter si haut pour les voir ainsi ; mais il semble qu'à de tels points de vue tout le monde doive devenir philosophe malgré soi.

Cependant, si de Saussure n'eût porté à ses voyages que ces dispositions vagues et s'il n'en eût recueilli que ces impressions générales, nous n'aurions probablement point à faire ici son éloge. Il s'était, au contraire, comme nous venons de le dire, préparé à ces expéditions par les études les plus sérieuses, et il en tira les résultats les plus précis.

Avant de décrire les montagnes, il fallait déterminer les caractères distinctifs des substances dont elles se composent ; et, malgré les tentatives de Linnæus et de Wallérius, la connaissance des pierres était encore