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avec cette constance à des recherches spéculatives, il faut être bien tranquille sur les affaires de ce monde ; et l’on ne doit pas l’être moins sur celles de l’autre, quand on est parvenu à se faire un système d’idées aussi liées.

En effet, il conserva pendant une assez longue vie ce calme de l’âme dont ses écrits portent l’empreinte. Jouissant d’une aisance honnête, dans la soçiété d’une femme aimable et douce ; appelé aux honneurs dans sa patrie, sans être chargé des embarras pu gouvernement ; considéré des princes et des savants de l’Europe, chéri de ceux qui avaient avec lui des liaisons plus particulières, il goûta sans interruption tous les plaisirs du cœur et de l’esprit. Il n’eut point d’enfants ; mais il porta son affection sur quelques disciples qu’il en jugea dignes, sorte de paternité de choix, qui n’entraîne pas les chagrins trop souvent attachés à l’autre.

C’est ainsi qu’il passa sa vie presque sans quitter sa campagne, faisant du bien à tout ce qui l’entourait, et espérant produire par ses ouvrages un bien plus général et plus grand[1].

Sa santé, qui n’avait jamais été bien forte, se soutint dans une existence aussi calme, et ce ne fut qu’à l’âge de soixante-treize ans qu’il mourut, à la suite d’un affaiblissement graduel, le 20 mai 1793.

La ville de Genève, glorieuse d’avoir eu un tel citoyen, lui décerna des honneurs publics : M. de Saussure pro-

  1. Les Œuvres de Bonnet ont été recueillies à Neuchâtel, en 1779, en 8 vol., in-4o et en 18 vol. in-8o.