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tantôt emboîtés des milliers de fois les uns dans les autres, tantôt disséminés dans le corps organisé, et toujours prêts pour réparer l'accident le moins possible à prévoir ; cette action primitive de la Divinité ; cette échelle de perfections, et cette ascension de perfectionnement ; cet organe délié, intermédiaire nécessaire entre l'âme et le monde ; réservoir des idées et cause de leur association ; cette liaison de motifs et d'actions dans le monde moral, comparable à celle de l'impulsion et du mouvement dans le monde physique, formaient une sorte de cartésianisme perfectionné, une philosophie appropriée à la faiblesse de l'esprit humain ; qui aime mieux des suppositions que des vides dans la série de ses idées.

On sent toutefois que cette nécessité de l'influence des motifs aurait rendu son système de morale défectueux, si elle ne lui eût fait conclure la nécessité d'une révélation, comme motif dernier et péremptoire ; aussi est-ce, par cette conclusion qu'il termine la série de ses méditations philosophiques, et, une fois cette conclusion tirée, il ne lui est plus difficile de déterminer quelle révélation est la vraie[1]. Ainsi le naturaliste avait fini par être théologien, et, par une marche singulière, c'était une doctrine au moins très-voisine de celle de la nécessité, qui le conduisait au christianisme.

En vous traçant la suite des méditations de Bonnet, je vous ai tracé l'homme tout entier. Pour se livrer

  1. Recherches philosophiques sur les preuves du christianisme, Genève, 1770 et 1771, in-8°.